Pourquoi ai-je autant de mal à aimer les musées historiques alors que je suis archiviste et que j’ai fait des études d’Histoire ? La petite visite de cet après-midi au musée Carnavalet, n’a fait que confirmer une impression déjà éprouvée dans d’autres musées du même type, qui ont généralement pour point commun leur muséographie un peu, mh… vieillotte ?
L’histoire de Paris est pourtant un sujet ô combien passionnant, mais je suis resortie du musée assez frustrée. La salle de bal de l’hôtel de Wendel est séduisante (alors que je n’aime généralement pas ce genre de décor ultra chargé, mais ici, l’ambiance chromatique semble presque se réduire à deux teintes dominantes, un rouge bordeaux profond et un gris aux reflets vaguement mordorés, et le lien entre le décor des murs et celui du plafond donne une impression de cocon étonnante pour une salle aussi grande), on s’y imaginerait volontiers en tenue de bal au bras d’un cavalier. L’exposition (temporaire) de photographies d’enfants dans les rues du Paris du début du XXe siècle est pleine de vie. Quelques objets font soudain imaginer la personne de chair et de sang à qui ils ont appartenu.
Pour le reste, le musée ressemble davantage à un conservatoire d’objets et de tableaux (ils sont si nombreux qu’ils se tuent un peu les uns les autres…) qu’à un lieu dédié à leur mise en valeur. Difficile d’y toucher du doigt ce qu’a été Paris, ses odeurs (forcément), ses bruits, ses rues, la vie de ses habitants au fil du temps. Difficile aussi de se rendre compte des grandes lignes de son évolution si on n’en a pas déjà une petite idée en entrant, ce qui n’est pas forcément le cas du visiteur moyen, qu’il soit français ou étranger, ou même (surtout ?) parisien.
Certes, il ne doit pas être évident d’organiser l’espace dans un ancien hôtel particulier qui est lui même le témoin d’une certaine période de l’Histoire. Certes, il est rare qu’une institution culturelle ait à sa disposition des moyens illimités. Mais rêvons un peu ! Pourquoi ne pas mettre en place, en préambule de la visite, une salle extrêmement synthétique qui retrace les grandes lignes de l’histoire de Paris depuis ses origines, avec des axes chronologiques illustrés, des cartes (éventuellement interactives sur des bornes vidéos, montrant par exemple l’évolution des limites de la ville) ? Pourquoi ne pas réduire le nombre d’objets afin de mieux les mettre en valeur ? Pourquoi ne pas essayer de reconstituer des bouts de rues à diverses époques, ne serait-ce par exemple qu’en sérigraphiant sur les murs des devantures de magasins pour mieux mettre en valeur les jolies enseignes conservées par le musée ? Pourquoi ne pas faire appel au numérique pour reconstituer en trois dimensions des quartiers qui n’existent plus ?
À revoir, si possible à l’occasion d’une exposition temporaire intéressante, histoire de vérifier s’il s’agit simplement d’un musée qui ne se laisse pas apprivoiser à la première visite… Après tout, l’accès aux collections permanentes des musées de la Ville de Paris est gratuit, donc profitons-en !